Des mairies se disputent déjà la propriété foncière de pans de territoires aux frontières entre communes. D’où l’impératif de la révision de certains plans d’aménagement urbain dépassés en vue de leur actualisation
Alors que nous sommes en 2019, il est bizarre de constater que des plans d’aménagement urbain vieux de plusieurs…décennies n’ont pas encore été révisés dans certaines municipalités. Et pourtant, leur actualisation s’imposait depuis belle lurette, étant donné que la plupart de ces plans avaient été conçus dans les années 70, sans tenir compte de deux détails importants pour le futur, à savoir l’expansion urbaine et l’explosion démographique. Ces plans-là, de vraies mauvaises copies, ont été élaborés à l’époque où nos communes comptaient… 10% de leur population actuelle. Techniquement, cela revient à dire que la voirie, les réseaux d’assainissement des eaux pluviales et des eaux usées, ainsi que l’éclairage public étaient alors faits pour… une poussière d’individus, comme disait Bourguiba! Certes, en ce temps-là, l’Etat manquait de moyens, n’avait ni prévision fixe ni vision futuriste et n’imaginait sans doute pas que le pays pourrait grandir au rythme actuel. Si cela est peut-être excusable, c’est plutôt le vieillissement continu de ces plans d’aménagement saturés et dépassés que le commun des mortels ne peut tolérer.
Touche pas à mon pan !
Aujourd’hui, pour avoir perduré un temps si fou, la situation est devenue proprement alarmante. C’est d’autant plus vrai que la question a vite débordé le cadre intérieur des communes pour dégénérer en conflits entre municipalités, à propos de la propriété foncière de pans de territoires situés aux frontières entre mairies.
On peut même parler de guerre «entre certaines municipalités qui se reconnaîtront. Pour en avoir le cœur net, voyez à titre d’exemple ce qui se passe en ce moment entre les maires de La Marsa et de Raoued.
Un véritable «procès» esté par celles-ci sur fond de revendication de la propriété d’un pan du territoire les séparant au niveau des rivages de Gammarth.
Renseignements pris, l’offensive de… décolonisation a été lancée par le nouveau conseil municipal de Raoued qui estime, plan d’aménagement à l’appui, que la partie adverse avait, dans les années 80-90, fait progressivement main basse, en toute impunité, sur les parcelles de terrains en conflit, ce qui avait depuis privé la partie plaignante d’importantes recettes (taxes municipales) émanant des habitations, des commerces et des hôtels qui s’y trouvent ! En attendant que la justice tranche dans cette affaire qui a fait déjà sensation, il est à craindre que nous ayons droit à d’autres «scandales» pareils dans d’autres municipalités engluées dans le même pétrin. Entretemps, des plans d’aménagement urbain qui n’ont plus leur raison d’être végètent dans les tiroirs de l’oubli. D’autres on les sort, on les ouvre, ou statuant autour, sans jamais parvenir à leur dépoussièrement. C’est vraiment à se demander s’il y a une tutelle pour secouer la torpeur des municipalités en plein sommeil pour qui un plan d’aménagement urbain est le moindre de leurs soucis!
Mohsen ZRIBI